La branche contemplative du Mouvement

Publié le par LM Soubrier

 

 

Ils ne sont que trois. Ils vivent à Urubamba, au Monastère « Notre-Dame du Silence ». Tout près du fameux Machu Picchu, dans la Vallée Sacrée des Incas. Ils sont contemplatifs. Leur mission : prier, en particulier pour que l’apostolat des Missionnaires porte des fruits en abondance et prier en général pour le Salut des âmes.

 

Une journée type pour ces contemplatifs : 4h30 – Matines. 5h – Angélus. 5h30 – petit déjeuner. 7h00 – Office de Laudes suivi de la messe. 9h – Tierce. De 9h15 à 11h30 – Travaux ou études. 12h00 – Angelus. 12h15 – Sexte. 12h30 – Repas. 14h00 – None. De 14h30 à 16h30 : Travaux communautaires. 16h45 – Chapelet dans le jardin. De 17h30 à 19h00 –  Vêpres suivi de l’adoration eucharistique. 19h15 – Repas. 20h30 Complies. 21h00 – Grand silence.

 

La caractéristique essentielle de cette fraternité monastique : le silence. Un silence au début agréable pour celui qui découvre la maison ; un silence qui peut ensuite devenir pesant pour celui qui n’y est pas habitué… mais un silence capable d’apporter la paix à celui qui – au bout d’un certain temps de « pratique » – en a constaté et décelé concrètement les richesses.

 

Rien d’extraordinaire dans cette maison. Une vie banale. Beaucoup de temps de prières certes : grosso modo cinq heures par jour en comptant les temps d’oraisons personnels. Mais cela n’a rien de singulier dans cette maison ; c’est justement considéré comme le nécessaire, donc l’ordinaire. Rien de plus normal ici que de passer du temps en prière. C’est normal. C’est banal. Une banalité – exprimée selon les cas de manières bien différentes que dans ce monastère – qu’on retrouve dans chaque foyer. Et pourtant, la maison des trois « contemplatifs » n’est pas une maison comme les autres. On y respire une sérénité spéciale, une sérénité qui n’est pas recherchée explicitement… La maison n’est pas paisible, sereine parce que ses habitants y pratiqueraient des « techniques » particulières dans le but justement de trouver la paix intérieure, le bien-être, la tranquillité. Je pense à ceux qui pratiquent le yoga, aux naturalistes, aux écologistes…

Cette quiétude ressentie à Urubamba ne vient pas d’une pratique scientifique ou philosophique. Elle vient de la pratique de la prière, pratique non pas extraordinaire, qui n’aurait aucun lien avec les autres activités quotidiennes des contemplatifs, mais pratique qui fait partie intégrale de la vie de la maison. En fait, je me trompe quand je dis que les contemplatifs prient 5 heures par jour. Il y a une telle normalité dans le fait de prier en communauté que finalement se crée une continuité entre chaque office. La prière en communauté perdure dans une prière personnelle permanente. C’est finalement 24 heures par jour que prient ces contemplatifs. Leur recherche constante d’une union à Dieu dans la prière les conduit à expérimenter – qu’ils le veuillent ou non – la quiétude et la sérénité. Les hôtes de la fraternité monastique en sont témoins, et moi le premier.

 

Mais qui sont-ils exactement ?

Frère Michel est le fondateur de cette communauté. Il était trappiste en France depuis 7 ans quand il a reçu l’appel à la mission et qu’il a rejoint – avec l’accord de ses supérieurs – le Mouvement des Serviteurs des Pauvres. Petit à petit est née cette petite communauté de contemplatifs, cœur du Mouvement, qui par sa vie de prière soutient spirituellement les Missionnaires actifs et leur apostolat auprès de la population andine.

Frère Ulrich est suisse. Il a servi deux ans à Rome auprès du Pape à la Garde Pontificale avant de travailler comme menuisier dans son pays. Après quelques années de pratique dans le métier, il a rejoint le Mouvement pour être missionnaire actif. Très vite, il a ressenti l’appel à la vie contemplative et a rejoint le Frère Michel.

Le Père José Carlos, portugais, est un passionné de philosophie. D’abord athée, il avait étudié à Coimbra à la Faculté de philosophie avant de rencontrer par hasard – ou providentiellement – les séminaristes du Mouvement en pèlerinage à ce moment-là à Fatima. Prêtre depuis deux ans, et depuis un an contemplatif, il voit aujourd’hui la philosophie d’un autre œil…

 

Le Frère Ulrich met au profit de la communauté ses talents pour travailler le bois et sculpter chemins de croix et crucifix, mais aussi chaises et tables ou autre mobilier utile au bon fonctionnement de la maison. Frère Michel est le spécialiste du potager. C’est lui qui gère l’intendance. Il nourrit, grâce à son travail de la terre, un bon nombre d’enfants dont s’occupent les Missionnaires actifs de la Ciudad de los muchachos. Chaque semaine, il les approvisionne en salades, betteraves, potirons, courgettes et autres légumes de ce genre. Le Père José Carlos est un spécialiste de la bonne cuisine. Il a un talent pour faire des plats exquis uniquement à base de légumes. Jusqu’à présent, je doutais du fait que l’on puisse faire de la grande et bonne cuisine exclusivement avec des légumes ! J’ai été converti par le Père José Carlos ! Il est également chargé de traduire la circulaire mensuelle du Mouvement en portugais. Un travail de longue haleine qui ne doit pas être toujours passionnant mais que le Père José Carlos s’empresse toujours de faire avec beaucoup d’application et de soin.

 

Les contemplatifs ont un rôle d’accueil également pour ceux – vous ?- qui désirent prendre un temps de retraite. Leur accueil est remarquable. Ce n’est pas une option pour eux. Ils en font un devoir d’accueillir de manière charitable –charitable  à la perfection- le retraitant. Une attention qui peut sembler exagérée au premier abord mais qui montre en fait un profond respect et un profond amour de l’hôte, de l’autre, de l’Autre.

 

Voilà. Une vie simple. Presque routinière. Mais qui paradoxalement ne manque pas d’imprévus. Les contemplatifs ne s’ennuient pas. Ils ne fuient pas non plus. Ils vivent avec le Bon Dieu. Ils conversent avec Lui. Ils ne voient pas le temps passer. La routine de leur vie est évidente.

Mais c’est une routine qui les rend heureux. C’est paradoxal. La routine en général ne conduit pas à la joie. Et bien ici, c’est le cas. La routine de la prière conduit à être heureux. C’est l’exemple dont témoignent frère Ulrich, frère Michel et Père José Carlos.

 

Publié dans Pérou 2008

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Après avoir cotoyé pendant 1an ces 3 personnes, et après mon retour en France, j'ai gardé un bon souvenir de la maison des contemplatifs, qui à l'époque n'avait que le frère Michel, depuis ont rejoints los hermanos José Carlos y Ulrich.Le silence est très agréable!mais peut vite rattrapé les personnes qui n'ont pas l'habitude! Bon témoignage de la maison d'Urubamba.
Répondre
O
Salut Lipi, énorme ce blog ... grand témoignage de foi! bonne continuation!!!
Répondre
J
Merci pour ce blog magnifique qui témoigne de la vitalité de l'Eglise ! Bon courage à tous !
Répondre
S
JourBon.
Répondre